Le 80e anniversaire de la libération par l’armée rouge des camps de concentration emblématiques de Ravensbrück et de Sachsenhausen, au nord de Berlin, a été célébré le 4 mai avec ferveur et dignité par un millier de personnes de tous pays. Une dizaine de rescapés de l’enfer du national-socialisme étaient là pour témoigner, sans doute pour la dernière fois. Le plus grand nombre de déportées à Ravensbrück venait d’Europe de l’Est, plus d’un tiers de Pologne, autant de pays qui, d’après l’idéologie raciale nazie, appartenaient à la catégorie dite des « sous-hommes slaves ! » Si le camp de Ravensbrück fut aussitôt transformé en caserne, celui de Sachsenhausen, comme Buchenwald, devint l’un de ces 10 « camps spéciaux » mis en place dès mai 1945,[01] dans la zone d’occupation soviétique en Allemagne (SBZ). Officiellement pour « nettoyer l’arrière des troupes combattantes de l’Armée rouge des éléments ennemis », en fait pour y déporter, sans jugement, tout opposant considéré comme ennemi potentiel.[02] Dans ces Spezlag les prisonniers étaient des esclaves coupés du monde. Dans ces « camps du silence » (Schweigelager), plus de 1.100.000 personnes sont mortes et enterrées dans des fosses communes ou incinérées, avant que l’URSS ne transfère ces camps à la RDA, après sa création le 7 octobre 1949. Certains comme le camp de concentration de Bautzen, constitueront, jusqu’à la chute du mûr « l’annexe carcérale de la STASI » („Stasi-Knast“).
par Joël-François Dumont — Berlin, le 5 mai 2025 —
Sommaire
« Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.»
(Winston Churchill s’adressant, à la Chambre des Lords au Premier ministre conservateur, à Neville Chamberlain, l’homme qui prônait la politique d’apaisement, rentrant d’Allemagne après avoir signé les Accords de Munich en 1938).
Introduction
Comment ne pas saluer, en introduction, le travail mémoriel considérable effectué par les Allemands pour décrire le système concentrationnaire nazi ?

Il en va de même pour la dictature du parti social unifié (SED) en République Démocratique Allemande (RDA) après la chute du mur : l’imposante liste des lieux de mémoire et autres musées spécialisés en est la preuve, s’il en fallait.
Dans les deux cas, les autorités d’Allemagne fédérale ont œuvré pour « maintenir vivant le souvenir de l’Holocauste ».
Le modèle de cette culture mémorielle allemande pourrait utilement inspirer d’autres pays pour que « la commémoration des victimes des guerres, des régimes totalitaires et des crimes à caractère idéologique du XXe siècle joue un rôle central.»[03]

Qu’est-on en droit espérer de nos chefs militaires et de nos gouvernants ?
Des deux, assurément, lucidité et courage : au combat pour les uns, le cas échéant, courage politique pour les autres.
Des premiers, on est en devoir d’attendre deux choses : qu’ils aient une armée équipée, prête à jouer son rôle pour défendre la Nation si celle-ci venait à être attaquée, et qu’ils disposent d’un outil de renseignement militaire de qualité pour informer, en temps et en heure, le gouvernement sur la nature et l’imminence de dangers potentiels sur notre sécurité collective.
Des seconds, qu’ils prennent les mesures – toutes les mesures – qui s’imposent pour faire face pour sauvegarder les intérêts supérieurs du pays et protéger sa population.
Que s’est-il passé ? Qui a fauté pour que la France, en 1936, ne donne pas, enfin, un coup d’arrêt décisif à la montée en puissance militaire régulière de l’Allemagne, après qu’Hitler eut décidé, en violation des dispositions du Traité de Versailles et des accords de Locarno, de remilitariser la Rhénanie ?
Le sujet n’est pas tabou, la question demeure et les réponses sont vagues…
Il est aujourd’hui établi qu’en 1930, le renseignement français a donné l’alerte. Nos chefs militaires ont informé fidèlement et complètement le gouvernement de la situation et de la montée des périls avec une montée en puissance militaire de l’Allemagne, convaincus qu’ils étaient que le réarmement poursuivait son accélération, sournoisement mais méthodiquement, ce qui à terme ne pouvait que conduire à la guerre.

Le traité de Rapallo aurait dû nous inciter à la prudence. Signé le 16 avril 1922 par l’Allemagne de Weimar et la République soviétique fédérative socialiste de Russie, il prévoyait notamment que l’Allemagne et la RSFS de Russie renonçaient aux réparations de guerre qu’elles se devaient mutuellement, et décidaient de rétablir des relations diplomatiques et commerciales en établissant la clause de la nation la plus favorisée. Il mettait surtout en place une collaboration militaire secrète qui durera jusqu’en 1933 avec des camps d’entraînement allemands secrets en URSS dont une école des gaz de combat à Chikhany, une école d’aviation près de Lipetsk et un centre d’études et d’entrainement des chars de combat à Kazan. C’est ainsi que l’Allemagne va se réarmer secrètement et s’entraîner. Un accord constituant une entorse grave au traité de Versailles.
Si les militaires assument en 1930, les politiques eux vont multiplier les erreurs. Le drame veut que cela se produise après la disparition de pères de la Nation, comme Raymond Poincaré ou le retrait de la vie politique d’Aristide Briand, qui incarnaient à la fois la stabilité, la continuité de l’État dans les heures sombres. La France est alors durement touchée par la crise économique de 1929. La nature ayant horreur du vide, le trop plein politique s’installe.
De mai 1929 à mai 1932, huit gouvernements vont se succéder. Le 30 juin 1930, sur le plan militaire, la décision est prise de rapatrier les forces françaises d’occupation de la Rhénanie pourtant prévue en 1919 pour durer 15 ans ! Le 4 décembre 1930, la priorité sur le plan économique est donnée à la mise en place de politiques de déflation qui vont retarder la sortie de crise. Résultat de 1930 à 1936, rien ne sera fait pour parer à la menace. La France et la Grande-Bretagne gagnées par un pacifisme béat vont se contenter d’un immobilisme coupable. N’était-il pas urgent d’attendre ?
Entre temps, Hitler élu en 1933, en moins de trois ans, fermera ses frontières, musèlera sa presse, et mettra dans des camps de concentration les membres de son opposition « préventivement » après avoir transformé l’économie du Reich en économie de guerre.
En France, une collection « de bras cassés » gouverne le pays. Les uns préconisent avec bonheur un rapprochement franco-soviétique pour prendre Monsieur Hitler en tenaille, comme si le petit père des peuples était un allié fiable… Qu’importe qu’il ait déporté des centaines de milliers de Tatars de Crimée, organisé la famine en Ukraine et fait assassiner des millions d’hommes et de femmes dans des camps de travaux forcés, dans cet archipel du Goulag qui rappelle si bien l’infrastructure totalitaire nazie ! C’est ainsi que le parlement ratifie le 27 février 1936 le pacte d’assistance franco-soviétique. En réponse, Hitler réoccupe la zone démilitarisée de Rhénanie pour rétablir la souveraineté du Reich sur sa frontière occidentale.
En mai 1936, le Front populaire remporte les élections avec un slogan pacifiste “Pain, paix, liberté”. L’État-major est convaincu que le nouveau gouvernement ne prend pas au sérieux la menace hitlérienne.

Léon Blum arrive au pouvoir, début juin. Recevant le général Gamelin, chef d’état-major général, il lui dit : « N’ayez pas de craintes, je suis bien conscient des dangers.» Avant de recevoir un certain colonel de Gaulle, à qui il déclare : « On change d’avis quand on est plus dans l’opposition ».
Hitler poursuit la création de nouvelles divisions armées, blindées, contrairement à ce que prévoyait le traité de Versailles. Ses troupes occupent maintenant la rive gauche de la Ruhr et la Sarre.
Contrairement à ce que l’on a souvent dit, le gouvernement du Front Populaire n’a pas sacrifié la défense du pays sur l’autel des congés payés, en généralisant ces deux semaines de congés payés aux ouvriers. Le gouvernement du Front populaire, suivant la proposition de son ministre de la Défense, Edouard Daladier, renforcera le budget militaire : 14 milliards de crédits votés, étalés sur quatre ans, dépassant même les propositions de l’état-major. Le gouvernement lancera un grand emprunt de défense nationale. Contrairement à la marine qui est bien équipée, l’armée de terre et l’aviation ont un urgent besoin de rénovation et d’équipements. Il faut construire des milliers de chars et 1.500 avions de combat.
Mais, contrairement à l’industrie allemande, l’appareil de production militaire français est vieillot, avec des machines-outils parfois obsolètes. Sans oublier une inflation galopante — 7% en 1936, 25% en 1937 — qui met en danger les budgets votés. L’industrie française de l’armement repose à l’époque essentiellement sur des petites entreprises familiales qui peuvent certes produire des « prototypes de char de qualité, mais pas en quantité industrielle.» Le gouvernement a beau nationaliser une partie de l’industrie de l’armement avec de grands groupes comme AMX (Ateliers de construction d’Issy-les-Moulineaux), la tâche semble impossible. La production piétine poussant les autorités à revenir sur l’un des « grands acquis du Front populaire », la semaine de 40 heures qui passera à 48heures, à 50 heures et même en 1940, à 60 heures par semaine dans les industries d’armement. Beaucoup des commandes passées en 1936-37 n’arriveront pas à temps pour contrer l’offensive allemande, les armes de défense antichars et l’aviation notamment. La commande passé de 490 canons antiaériens de 90mm se traduira en 1940 par la mise en service de 17 seulement.
Pour être plus complet sur ces responsabilités, comment ne pas rappeler également que nos chefs d’état-major en 1936 avaient exigé, en préalable à toute intervention militaire, un soutien britannique et une mobilisation générale, de quoi la rendre impossible !
L’annexion de l’Autriche en 1938, l’Anschluss, précipitera encore les choses. Les Français savent désormais que la guerre est proche. Ils ont eu dix ans pour s’y préparer, mais par leur inertie et leur conduite, beaucoup ont fait en sorte, qu’une fois de plus, notre pays subisse l’humiliation de la défaite, l’occupation de notre pays sans oublier tant de combattants de l’ombre exécutés sur place ou déportés dans des camps de concentration nazis.
En 1940, après la défaite, l’armée française aura perdu en quelques semaines 100.000 hommes.

Rien à voir avec la drôle de guerre qui se situe entre la déclaration de guerre par le Royaume-Uni et la France (les Alliés) à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939 et l’offensive allemande du 10 mai 1940 sur le théâtre européen du conflit où l’on chantait allègrement On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried…
Lors de la signature de l’armistice, on accusera Léon Blum et le Front populaire d’être à l’origine de ce désastre. La vérité est bien ailleurs.
Le drame dans tout cela, c’est que nous revivons depuis 20 ans une période très similaire dans laquelle l’Allemagne d’Adolf Hitler a été remplacée par la Russie de Vladimir Poutine. On peut constater la même inertie, la même absence de courage politique et un certain goût pour la trahison que des systèmes totalitaires savent parfaitement exploiter.
Comment expliquer, à défaut de justifier, que le jour où les députés français sont convoqués pour se prononcer sur le réveil de l’appareil de production militaire, tant de parlementaires aient pu déserter ce jour-là ? Y avait-il « piscine » ce jour-là ? Que penser des banques françaises qui ont ralenti pendant un an et demi la relance de la production d’obus en refusant un crédit de 20 millions d’euros ? Une honte. Quant aux apôtres de la fameuse récolte « des dividendes de la paix », ils en ont perdu la voix préférant profiter d’une retraite plus que confortable ! Assurément, une rénovation du personnel politique s’impose en France. Et tout permet de penser que dans d’autres pays d’Europe, à de rares exceptions près, la situation ne soit guère meilleure.
Après la guerre franco-allemande de 1870 et deux Guerres Mondiales, en 1914 et en 1940, comment ne pas écouter ou réécouter le propos du général Mermet quand, dans la banlieue d’Agen, il rappelait le serment fait à Bon-Encontre par les responsables de nos services de renseignement qui ont préféré quitter Paris pour éviter leur dissolution après l’armistice en mettant en lieu sûr leurs précieuses archives, une semaine avant l’appel du général de Gaulle à Londres ?
On sait aujourd’hui que ce n’est pas la 5e colonne allemande mais le NKVD qui était à la manœuvre dans les milieux politiques français, profitant de ceux, nombreux, qui voyaient dans la Russie de Staline un modèle pour améliorer le sort des travailleurs et des paysans français !
La désinformation russe ne date pas du FSB de Vladimir Poutine en 2006 mais bien du « Desinformburo », créé en janvier 1923 par le directeur-adjoint du Guépéou, Joseph Ounchlicht, ancien chef du NKVD pour Leningrad, pour profiter de l’ouverture des frontières et l’afflux d’agents soviétiques, les « grands illégaux », qui se sont fondus avec les migrants d’Europe de l’Est après le passage des frontières sans passeport, se faisant passer pour des réfugiés.
Holodomor et la thèse du génocide dans la culture mémorielle ukrainienne
De tous temps, les riches terres à blé faisaient de l’Ukraine « le grenier à blé de l’Europe ». Décidés à contrecarrer la montée du nationalisme ukrainien porté par la volonté croissante de sa population de s’affranchir du pouvoir central soviétique, Staline et Molotov, pour éviter toute contagion, ont provoqué délibérément un véritable génocide en mettant un peuple à mort en le privant de nourriture en organisant une famine artificielle et en incarcérant dans des camps de concentration une grande partie de sa population.

Cette tragédie nationale ukrainienne fera entre 4 et dix millions de morts).[04]
Le terme même d’Holodomor (la grande famine) lui a été réservé pour qualifier ce génocide. Une famine artificielle qui s’est ajoutée à tant d’autres meurtres de masse, perpétrés en URSS en toute impunité par « le petit père des peuples » !
Dès son élection à la présidence de l’Ukraine, début 2005, Viktor Iouchtchenko, un des responsables de la révolution orange, a porté au cœur de l’agenda politico-historique de l’État ukrainien comme il s’y était engagé, le débat national sur le passé totalitaire soviétique. Au-delà d’honorer, enfin, la mémoire les victimes de l’Holodomor en Ukraine durant l’hiver 1932-1933, la Loi « Sur l’Holodomor en Ukraine en 1932-1933 » visait à reconnaître l’Holodomor comme un véritable « génocide du peuple ukrainien », rendant du même coup délictuelle sa négation, au même titre que celle de l’Holocauste.

17 Pays seulement ont reconnu le génocide de l’Holodomor, aujourd’hui, considéré comme l’un des plus grands crimes contre l’humanité.
Un génocide passé sous silence ou le triomphe de la propagande soviétique
Il aura fallu attendre plus de deux ans pour qu’en 2007, les 193 États membres de l’UNESCO soutiennent enfin une résolution sur la « Mémoire des victimes de la Grande Famine (Holodomor) en Ukraine », qui a coûté la vie à des millions d’Ukrainiens innocents, mais aussi de Russes, de Kazakhs et d’autres nationalités. Un premier pas. Mais, sur opposition de la Russie et de la Turquie, le Conseil ministériel de l’OSCE a rejeté cette même résolution. Ankara voulant éviter que, demain, la même demande ne soit introduite pour le génocide arménien. Pire encore, l’ONU s’est opposée à l’examen de toute résolution du fait du veto de la Fédération, de Russie. Seule l’Allemagne en 2007 soutiendra cette proposition. Mais où était donc l’Europe en 2007, sans parler de « la France des droits de l’homme » ?
Comment a t’on pu ainsi, si longtemps, occulter un pareil génocide comme s’il n’avait pas existé ? Répondre serait reconnaître que l’URSS de Staline tout comme la Russie des tsars savait rétribuer ceux qui les servaient.[05]
Savait-on – ou n’avons nous pas voulu savoir – ce que le IIIe Reich faisait dans ses camps dès 1933 ?
Après les camps de concentration soviétiques au début des années 30, vinrent dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir les premiers camps construits sur le territoire du Reich avant leur installation en Pologne et dans les pays occupés. A Auschwitz, c’est un véritable complexe d’extermination des juifs d’Europe qui a été conçu pour éradiquer 11 millions d’habitants répertoriés en Europe dans la villa Marlier par Richard Heydrich lors de la conférence de Wannsee préfigurant la mise en œuvre de la solution finale.[06]

Dés la construction des premiers camps, tous les gouvernements américain comme européens « savaient » mais aucun n’a accepté d’admettre l’inadmissible.

Si au cours des bombardements alliés, des trains convoyant des personnes déportées ont pu être touchés, aucun des 44.000 camps et sous-camps d’internement de toutes sortes n’ont été visés. A l’exception notable d’objectifs désignés comme la chambre à gaz de Birkenau.

« Business as usual, indeed » aux US jusqu’en 1940-1941, diraient certains, lâcheté ailleurs en Europe ? Il ne fallait surtout pas insulter Monsieur Hitler. Chacun avait ses priorités. Certains ont choisi de fermer les yeux. Comment accepter le fait que des crimes aussi manifestes contre l’humanité puissent être occultés ?
Vérités et demi-vérités
Il ne saurait y avoir de demi vérités. Chacun savait qu’une fois l’Allemagne partagée entre une zone soviétique à l’Est et trois zones alliées à l’Ouest, la priorité serait d’arrêter les coupables et rétablir l’État de droit chez les Alliés en protégeant la population civile. Même les pires nazis ont préféré se rendre aux Américains plutôt qu’aux Soviétiques. Ils ne se faisaient pas la moindre illusion sur les méthodes et la justice expéditive en vigueur en URSS. « Dans les secteurs soviétique et allié, les choses se sont passées de manière très différente, ce qui était prévisible, compte tenu de la nature du régime soviétique et de son chef, Staline.» … « Ni les crimes nazis ni les crimes staliniens ne doivent être relativisés ou banalisés en les opposant les uns aux autres ».[06]
Le national-socialisme et le communisme dans l’organisation de la terreur conçue et organisée de manière systémique dans des camps de concentration n’ont cessé de rivaliser dans l’horreur. On cite souvent les chiffres de 8 millions de morts dans des camps d’extermination ou de concentration nazis, de 20 millions pour l’URSS de Staline et de 50 pour la Chine de Mao. A partir d’un certain montant, les chiffres ne parlent plus, ils se relativisent au fil des ans en statistiques. Auschwitz, Dachau, Ravensbrück et tant d’autres ne sont pas des accidents de l’histoire. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe en Russie aujourd’hui dans les colonies pénitentiaires qui n’ont rien à envier aux camps de concentration nazis.
Les leçons de Ravensbrück
La première leçon que j’ai pu tirer de cette fenêtre ouverte sur l’enfer est qu’il y a des femmes qui ont fait preuve dans ces circonstances tragiques d’un courage exceptionnel.

Les survivantes que j’ai pu rencontrer m’ont toutes dit qu’à leur retour, personne n’a voulu les écouter pendant de longues années. Si les hommes dans les camps avaient su « faire preuve de solidarité », les femmes avaient, elles, en plus « su faire preuve de tendresse et de dépassement », comme me l’a dit un jour Germaine Tillon, de passage à Rennes. Elle a été la seule Française à assister en tant que témoin à plusieurs de 7 procès « pour crimes de guerre » qui se tiendront devant un tribunal militaire britannique à Hambourg. Parmi les accusés figurent des officiers SS, les médecins du camp, des gardiens masculins et féminins (Aufseherinnen), et quelques anciens prisonniers promus fonctionnaires qui ont torturé ou maltraité d’autres détenus. Au total, 38 accusés dont 21 femmes.18 condamnations à mort prononcées.
Son regret est que la justice ne soit pas passée. Les Britanniques ont une justice qui est faite pour juger des individus coupables, se basant sur des preuves irréfutables. Dans le camp, il n’y avait pas de quoi écrire, comment se souvenir des crimes commis par tant d’assassins en bande organisée, sans avoir pu noter au quotidien leurs méfaits. On aurait dû juger une collectivité d’individus. Résultat, la plupart se sont mutuellement rejeté la faute les uns sur les autres, faute de preuves, six d’entre eux seulement ont été condamnés à mort et exécutés !
850 bébés sont nés à Ravensbrück. Six ont survécu, dont trois français !
La règle pour les femmes était d’avorter avant le 8e mois ou de noyer le bébé quand il n’était pas étranglé d’une main par un gardien. Les autres étaient abattus aux pieds de leur mère, parfois lancés en l’air comme au tir au pigeon et fauchés par des tirs de mitraillette. Une récréation pour les gardiens. 25 enfants de mère française naîtront à Ravensbrück : trois survivront.

C’est le cas de Jean-Claude Passerat, toujours combatif, né dans le camp le 13 décembre 1944. Sa mère, Résistante a 24 ans. Ne pouvant allaiter, c’est une Russe et une tzigane qui ont pris le relais… Comme pour Ingelore, dont le crime était pour la mère, allemande, d’avoir eu des relations coupables avec un Polonais en application des lois raciales de Nuremberg.
L’histoire d’Ingelore Prochnow
Le témoignage d’Ingelore Prochnow, ce 4 mai à Ravensbrück, est bouleversant. Son histoire est à peine croyable. Elle la raconte, une fois de plus, le cœur rempli d’émotion.

Elle est née le 5 avril 1944. Sa mère Renate Rohde, allemande, est enceinte de 5 mois lorsqu’elle est déportée à 19 ans, après avoir été dénoncée pour avoir eu des relations coupables avec un Polonais, Jan Gawroński. Jan est fait prisonnier en 1942. Les SS lui font subir des tests comme quoi il pourrait être germanisé (»Eindeutschungsfähigkeit«)… Déclaré positif, il a la vie sauve et se retrouve enrôlé au STO, dans une ferme près de Magdebourg. Il fait la connaissance de Renate. Arrêté, il est déporté dans plusieurs camps successifs. Par miracle, il s’en sort et retourne en Pologne sans nouvelle de Renate qui, elle aussi, sortira de Ravensbrück en 1945 mais pour être de nouveau internée par les Soviétiques jusqu’en 1947…
Ingelore est dans un foyer et sera adoptée à 5 ans par une famille sans enfants. Le 24 avril 2002, elle a accès à son dossier d’adoption à Detmold. C’est là qu’elle apprend qu’elle est née à Ravensbrück. Elle retrouve la trace de son père en Pologne. Elle s’y rend pour découvrir qu’il avait été enterré en 1995, sans jamais avoir su qu’il avait eu une fille.
Pour ce rendez-vous avec l’Histoire, peut-être son dernier, Ingelore, est un témoin comme Jean-Claude qui ne peuvent laisser indifférent, un rendez-vous unique qui permet de mesurer l’horreur de ces systèmes concentrationnaires où les êtres sont déshumanisés et où la vie ne vaut pas grand’ chose.

Une abomination qu’aucune expiation, aucun pardon ne pourra jamais réparer comme le souligne Xaver Doucet, président de l’Union des Français de l’étranger (UFE Berlin) venu déposer une gerbe au monument face au lac de Schweedt où étaient dispersées les cendres des déportées brûlées dans l’un des fours crématoires construits dans le camp pour délester le crematorium de Fürstenberg.

Ravensbrück ou l’enfer des femmes
A Ravensbrück, 123.000 femmes ont été déportées provenant de 40 pays de mai 1939 à mai 1945… 30% étaient originaires de Pologne, 20% d’Allemagne et d’Autriche, 15% étaient, en majorité hongroise, 15% étaient françaises. Soit 6.000 femmes !

Le premier convoi de Françaises est arrivé en 1942 avec 237 détenues. Mais à partir de 1943, les convois se sont multipliés avec l’arrivée de femmes arrêtées pour fait de résistance. Au début, les Françaises étaient mal accueillies par les Polonaises qui reprochaient à la France de les avoir trahis, imaginant même compter des indics parmi elles. mais leur attitude va s’infléchir quand elles vont se rendre de l’esprit de résistance qui les animait.
Parmi elles, de nombreuses femmes, jeunes, qui avaient décidé de tout faire pour ne pas travailler dans des usines d’armement. Certaines comme Germaine Tillon et Geneviève De Gaulle se sont vite imposées comme des exemples.

Parmi les résistantes françaises à Ravensbrück, comment ne pas évoquer encore le nom de femmes d’exception, comme Marie-Berthe Sérot, épouse du commandant André Sérot, — figure emblématique du 2e Bureau français — ou encore Jeannette L’Herminier, déportée en février 1944.
Jeannette L’Herminier armée de deux petits crayons mobilise ses camarades d’infortune
Marie-Altée « Jeannette » L’Herminier était la sœur du capitaine de corvette Jean L’Herminier, commandant le sous-marin Casabianca, qui, refusant de se saborder, décide le 27 novembre 1942 de prendre la mer sous le feu de l’ennemi pour rejoindre la France-Libre …
Après des études d’histoire de l’art interrompues par la guerre, Jeannette s’engage dans la Résistance : elle cachera des pilotes alliés qui seront rapatriés en Angleterre via Plouha.
Le 19 septembre 1943, elle est arrêtée avec sa belle-mère à Paris par la Gestapo : les deux femmes cachaient un aviateur américain. où elle « croquera » les silhouettes de ses camarades détenues, en les montrant « telles qu’elles auraient dû être ». Elle fit ainsi clandestinement plus de 150 dessins qui seront sauvés par Elisabeth Barbier !

Pour réaliser ces dessins, Jeannette utilisera des boîtes de cartouches récupérées dans le Kommando de Holleischen, un sous-camp pour femmes, où la moitié des 700 détenues étaient françaises, affectées après leur déportation à Ravensbrück dans une fabrique de munitions.
De Retour de captivité, avec Germaine Tillon et d’autres de ses camarades d’infortune, elles publieront en 1946 un ouvrage collectif Ravensbrück.
En 1987, Jeannette confiera à la postérité ces dessins, témoignage inédit de l’enfer de Ravensbrück, au Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon et au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris.
Geneviève de Gaulle croquée par Jeanne L’Herminier (Collection Amiral Jacques Launay)
Invitée à bord de l’aviso Commandant L’Herminier en 1989, elle partagera ses souvenirs de guerre avec l’équipage avant de dédicacer son livre : « Pardonne, n’oublie pas ».
Des femmes sont appelées parfois à jouer un rôle exceptionnel pendant la guerre pour lequel la plupart ne sont pas préparées. Les circonstances, le courage, la volonté, la foi, ont vu nombre d’entre elles se sacrifier. Peu de pays rendent hommage à leur action, pour leur engament.
A part peut-être les Britanniques, comme ils l’ont fait en 2014 à Whitehall.

Mieux vaut, certes, rendre un hommage tardif que pas d’hommage du tout ! C’est ce qui s’est produit en France pour « les Merlinettes ».[07]

Il y avait plusieurs types de détenues à Ravensbrück :
- Les « politiques » enfermées pour fait de résistance ou par les faits de résistance de leur proches. Comme Laure Diebold, Compagnon de la Libération, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, nièce du général, Marie-Altée L’Herminier, sœur du capitaine de corvette Jean L’Herminier commandant le sous-marin Casabianca, échappé de Toulon lors du sabordage de la flotte le 27 novembre 1942…
- les prisonnières de guerre, appartenant aux services de santé et de transmissions de l’Armée rouge, mais aussi aux services français : les Merlinettes.
- les détenues raciales Juives, Tsiganes, Roms et enfin,
- les détenues de droit commun et les prostituées.
Chaque détenue portait un triangle coloré suivant sa « catégorie », une lettre au centre indiquant la nationalité : rouge pour les prisonnières politiques, jaune pour les Juives, vert pour les criminelles de droit commun, violet pour les Témoins de Jéhovah, noir pour les Tziganes et les prostituées, etc. Certaines eurent le crâne rasé à l’arrivée, ce qui ne fut toutefois jamais le cas des « aryennes ». En octobre 1942, toutes les détenues juives furent déportées à Auschwitz, Himmler ayant décidé de rendre les camps allemands Judenfrei, c’est-à-dire sans Juifs.[08]

A Ravensbrück, comme dans les autres camps, les personnes considérées comme inaptes au travail étaient exécutées dans la foulée. « Pas de bouches inutiles » !
L’enfer de Ravensbrück durera jusqu’au dernier jour. Plusieurs milliers de détenues furent éliminées juste avant la libération du camp. Les dernières exécutions eurent lieu le 25 avril : les onze détenues employées au crématorium furent empoisonnées par leurs gardiens.
Quand les équipes de la Croix Rouge danoise et suédoise sont arrivées sur place, il restait encore 3.500 femmes et 300 hommes. 20.000 personnes encore capables de marcher avaient été conduites la veille sur les routes pour une marche forcée, pour « la marche de la mort », en chantant ce chant des marais. Interceptées en route, fort heureusement, elles durent la vie sauve à un détachement soviétique.

Le Chant des déportés ou Chant des marais est l’adaptation en français du chant allemand Wir sind die Moorsoldaten. Un chant qui a été intégré il y a bien longtemps dans le répertoire de nos régiments et que le Chœur-Orchestre de la Garde républicaine de Paris, chœur officiel de la République Française interprète lors de cérémonies officielles en l’honneur des victimes de la barbarie nazie.

Ce même chant, les Polonais présents ce 4 mai l’ont chanté à plusieurs reprises à nos côtés, en Allemand, conduits par leur évêque. Le Chant des marais ou « Chant des déportés » est l’adaptation en français du chant allemand Wir sind die Moorsoldaten…[09]

Un enjeu existentiel
S.Exc. François Delattre, évoquant le souvenir de Margot Friedländer, survivante de la Shoah, âgée de 103 ans, a eu ces mots : „So hat es damals auch angefangen“ (« C’est ainsi que tout a commencé à l’époque »)

« Il nous faut avoir le courage d’écouter les témoins, et celles et ceux qui savent ce que vivre dans une société de non-droit et de terreur veut dire.
Ainsi, les mémoires de la Shoah, de la déportation et de la fin de la Seconde Guerre mondiale éclairent aujourd’hui l’état du monde et nous font comprendre que ce nous pensons certains et garantis – la paix, la démocratie, l’État de droit – sont en réalité des acquis fragiles et effaçables, qu’il s’agit de défendre sans hésitation. Il s’agit là d’un enjeu existentiel.
80 ans après les faits, la mémoire demeure le ciment de notre entente européenne. C’est parce que nos pays ont été capables de regarder leur passé en face, d’assumer les crimes inexprimables commis entre 1933 et 1945, mais aussi de reconnaître ce qui les unit, au-delà des divisions passées, qu’ils ont été à même de reconstruire sur les ruines de désolation de la Seconde Guerre mondiale un monde en rupture avec les violences et les conflits de masse ».
La mémoire « ciment de notre entente européenne »

Résistantes un jour, résistantes toujours…
Pour ce 80e anniversaire, au delà des comités nationaux rassemblant une poignée de survivants et la présence du Souvenir Français solidement implanté en Allemagne comme en Pologne,[10] côté français, il y avait derrière l’ambassadeur de France, François Delattre, une délégation de l’UFE-Berlin, l’Union des Français de l’étranger,[11] association patriotique créée après la 1ère Guerre Mondiale et plusieurs représentants de l’Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (AASSDN),[12]

La délégation de l’AASSDN était par le général d’armée aérienne François Mermet (2s), ancien DGSE, qui s’est attaché pendant sa présidence pour soutenir, comme son prédécesseur, le colonel Henri Debrun, le travail de mémoire engagé par ses membres. C’est ainsi que le dossier des Merlinettes, après celui de Josephine Baker, est devenu une priorité. L’objectif était d’obtenir la reconnaissance de la Nation pour l’action de ces 3.000 femmes qui se sont jetées dans la guerre avec un courage qui force l’admiration.


— Photo © Salicyna —
Grâce au travail méticuleux de recherche de Jean-Georges Jaillot-Combelas, au Service historique de la défense mais aussi dans les archives françaises et allemandes, un dossier a été monté pour que l’État prenne en considération les actions héroïques de cette unité dont la mémoire n’avait jamais été honorée publiquement.
J-G. Jaillot-Combelas a passé 20 ans de sa vie à documenter cette unité d’élite féminine à laquelle avait appartenu sa tante, parachutée dans le Massif Central, qui ne connaîtra pas le sort funeste de ses camarades Merlinettes dans l’enfer à Ravensbrück ou à Buchenwald.
Dire qu’il aura fallu attendre près de 70 ans pour obtenir la reconnaissance de ces faits d’armes montre que nous avons encore un bout de chemin à accomplir pour accomplir le travail de mémoire qui n’a pas été ou incomplètement fait.
Mission accomplie, le 6 octobre 2023 : Patricia Miralles, secrétaire d’État chargée des anciens combattants et de la mémoire, inaugurait une stèle à Lorris (Loiret), au musée départemental de la Résistance et de la Déportation. Pour la première fois, le gouvernement rendait hommage à Eugénie-Malika Djendi et à Élisabeth Torlet, parachutées au cœur de la France occupée avant d’être assassinées par les nazis. Agents des services français, elles n’avaient que 21 et 29 ans.

« Ces sous-lieutenantes du corps féminin des transmissions d’Afrique du nord créé par le général Merlin, fort d’un millier de jeunes filles surnommées les « Merlinettes », Élisabeth Torlet et Eugénie-Malika Djendi font partie de la trentaine de volontaires sélectionnées par Paul Paillole, chef de la Sécurité Militaire et du Contre-espionnage. Leur mission ? Être parachutées en 1944, au cœur de la France occupée, comme opératrices-radios-chiffreuses. Après un sévère entraînement où elles sont formées aux techniques de codage et chiffrage, au tir et au combat, à la vie en clandestinité, une dizaine sont choisies pour être larguées dans le ciel de France depuis des bombardiers partis d’Alger ou Londres. Six perdront la vie au cours de leurs périlleuses missions. Eugénie-Malika Djendi, trahie par un membre du réseau chargé de l’accueillir, est arrêtée dès son atterrissage sur le sol français, le 10 avril 1944, et transférée par la Gestapo à Paris.»[13]

— Photo AASSDN © Martial Rambaud —

Christophe Cornevin dans le Figaro poursuit : « Avant d’être déportée à Ravensbrück où elle trouvera la mort le 15 janvier 1945, elle partagera sa cellule avec trois « Merlinettes », elles aussi parachutées avant de se faire capturer. Parmi elles, Pierrette Louin, 24 ans, exécutée à Ravensbrück, a laissé une bouleversante lettre testamentaire : « Je ne vais pas me battre non plus contre des mots, des idées et d’autres gens, mais pour sauver un tout qui ne peut pas disparaître, une forme de vie, un idéal, c’est la France. (..) Une nuit, dans la lune qui vient, un avion m’amènera au-dessus de la France. Je sauterai en parachute et accomplirai ma mission. (…) Si je meurs, ce sera la règle du jeu, sans regrets, sans amertume puisque mon âme sera intacte ».
Les soutiers de la gloire
Seconde héroïne a être honorée ce vendredi, Elisabeth Torlet, parachutée dans le Doubs le 30 août 1943, arrêtée et retrouvée assassinée le 5 septembre 1944 d’une balle en plein visage alors qu’elle tentait de ravitailler un maquis voisin. « C’est la première fois que la République Française rend hommage aux Merlinettes à travers la présence d’un membre du gouvernement, s’était alors félicité le général (2S) François Mermet… C’est un signe fort qui s’adresse à toutes les femmes, aux anciennes combattantes, agentes de renseignement, à toutes celles plus ou moins anonymes que la misogynie de l’Histoire a savamment ou inconsciemment oubliées.»

Deux ans après l’accueil au Panthéon, en 2021, de Joséphine Baker, recrutée par les services français avant même la déclaration de guerre en 1939, l’artiste restera la plus célèbre des agents de renseignement, on semble s’intéresser aux femmes qui ont fait front face à l’ennemi l’arme à la main.

Pour Hedy Belhassine, « cet hommage aux anciens est un devoir, mais comment ne pas avoir une pensée pour tous ces hommes et ces femmes de l’ombre, ces « honorables correspondants » qui n’ont jamais eu d’existence légale faisant sienne la phrase de Pierre Brossolette sur ces « soutiers de la gloire » … « ces combattants d’autant plus émouvants qu’ils n’ont point d’uniformes ni d’étendards.»

Parmi ces femmes de l’ombre en lutte contre la barbarie nazie, comment ne pas citer encore l’exemple d’Eugénie-Malika Djendi, de père algérien et de mère corse, qui s’est engagée le 11 janvier 1943 dans ce Corps féminin des transmissions. Après la campagne de Tunisie, elle rejoint à l’automne les services de contre-espionnage de l’armée dirigés par le commandant Paul Paillole. Formée à Staoueli, près d’Alger où se trou vent le centre d’entrainement du bataillon de choc et un centre de formation anglo-américain engagé dans la libération de la Corse (« Mission Massingham »).
Eugénie rejoint l’Angleterre le 20 mars 1943 où elle retrouve Marie-Louise Cloarec, Pierrette Louin et Suzanne Mertzizen. Le 9 avril 1944, elle s’embarque à bord d’un Halifax du 161st Squadron de la RAF à Tempsford pour être parachutée lors de la mission « Syringa » avec Georges Penchenier (alias Lafitte, alias Le Gorille, qui connaîtra la célébrité avec ses romans d’espionnage de la série noire) et Marcel Corbusier (alias Leblond) dans la région de Sully-sur-Loire, dans le Loiret.

Arrêtés par la Gestapo en possession de leur équipement radio, interrogés à Orléans puis à Paris, elles sont incarcérées à la prison de Fresnes, sauf Georges Penchenier, qui a réussi à s’évader. Transférées de Fresnes au fort de Romainville, elles sont mises dans un wagon à bestiaux pour rejoindre Ravensbrück après un bref passage par le camp de Neue Bremm. Les quatre femmes seront exécutées le 18 janvier 1945, leurs corps brûlés et leurs cendres dispersées dans la forêt voisine. Eugénie Djendi avait 21 ans.
Les Merlinettes françaises et leurs sœurs d’armes britanniques
Pas étonnant qu’un détachement britannique des FANY ait été envoyé à Ravensbrück. Des jeunes femmes volontaires, avec, comme les Merlinettes, un statut particulier d’auxiliaires.[14]

Le général Mermet a voulu vu dans la présence de ce détachement britannique « un clin d’œil British de l’histoire » avec nos Merlinettes…
A l’origine, le FANY (First Aid Nursing Yeomanry) était un corps d’infirmières volontaires, considérées comme des auxiliaires d’élite. Le Corps a été fondé par Edward Baker, un adjudant du 21e Lanciers, blessé Omdurman en 1898 dans l’armée de Lord Kitchener. « Allongé, touché au tibia gauche, « il pensa qu’il serait merveilleux qu’un groupe de femmes puisse administrer les premiers soins aux hommes sur le champ de bataille, avant qu’ils ne soient évacués vers les postes de secours.» En voilà une pensée !

Tenace comme un adjudant britannique, il dut attendre septembre 1907 pour mettre son rêve à exécution pour fonder le Corps.[15]
Les FANY participeront activement au soutien des combattants pendant la 1e Guerre Mondiale dans le Nord de la France, avant d’être engagées sur le terrain pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 1940, la mission première des FANY était de constituer une force de réserve en cas d’invasion, tout en fournissant un soutien aussi bien administratif que technique aux écoles de formation spéciale. Vu leur talent et leur courage, ces jeunes femmes seront rapidement incorporées au sein du Special Operations Executive (SOE) et habilitées secret-défense. La plupart seront versées dans la section F chargée des opérations en France occupée.
Après avoir suivi une formation initiale à Arisaig (Écosse) où elles apprenaient à tuer sans bruit, le maniement des armes et au sabotages, elles faisaient un stage para à Ringway. Les meilleures étaient envoyées à Beaulieu, l’école de perfectionnement des agents secrets où elles apprenaient les techniques d’espionnage, notamment le codage complexe et l’envoi de messages.
Pendant la guerre 3.000 d’entre elles ont participé aux opérations, jusque derrière les lignes ennemies au profit du SOE, les autres étaient chargées des transmissions et du chiffrement après une formation intensive au code MORSE à la station d’écoute de Grendon.
39 des 50 femmes envoyées en mission en France étaient des FANY. « Elles devaient avoir une connaissance parfaite de la France, un très bon niveau de français et peu de liens familiaux.»
Avant de partir en mission, elles recevaient un petit cadeau avant leur départ sur le terrain, « un poudrier, un rouge à lèvres ou un flacon de parfum, sans oublier, bien sûr, leur capsule de cyanure.»

Quelle découverte de rencontrer ce détachement à Ravensbrück, par un froid presque glacial, s’incliner et déposer une gerbe à la mémoire des Britanniques déportées à Ravensbrück. Deux d’entre elles étaient brevetées parachutistes en France. De quoi intriguer notre curiosité au retour …
On peut imaginer à Ravensbrück que ces jeunes Britanniques avaient une pensée pour leurs ainées. Avec une pensée toute particulière pour Eileen Nearne, décorée de la Croix de Guerre française….

« Une jeune FANY qui parlait un français parfait, pour avoir vécu avec ses parents pendant de nombreuses années en France, passe par l’Espagne et Gibraltar pour regagner l’Angleterre et s’engager. Recrutée comme agent de la Section F du SOE. Arrivée en France par Lysander, (avions utilisés par l’Intelligence Service pour les navettes de leurs agents en France occupée). Infiltrée dans l’Indre en mars 44, elle sera arrêtée en juillet, torturée et envoyée à Ravensbrück.
Lors d’un transfert, à Makkleeberg, près de Leipzig, elle réussit à s’évader en avril 1945.». Arrêtée, elle s’échappe et réussit à se cacher jusqu’à l’arrivée des Alliés.[16]
Eileen Nearne — Photo TWS Blog
Parmi les plus célèbres FANY, on peut citer :
- Noor Inayat Khan (Réseau Prosper en région parisienne), la seule opératrice radio du SOE à Paris, qui connut un destin tragique. Arrêtée et torturée, elle ne dit rien sous la torture. Elle tentera par deux fois de s’échapper avant d’être envoyée à Dachau où elle fut fusillée en septembre 1944.
- Odette Sansom-Churchill : Arrêtée et torturée (on lui a enfoncé un tisonnier rouge dans le dos et arraché les ongles des orteils). Elle réussit à convaincre la Gestapo qu’elle était mariée à Peter Churchill, un autre agent avec lequel elle avait été arrêtée, proche parent de Winston Churchill. Elle sera envoyée à Ravensbrück, où elle sera enfermée à l’isolement dans une pièce à côté des fours. Elle survécut et devint une figure vénérée des FANY.
- Violette Szabo était l’une des meilleures tireuses du SOE. A court de munitions, elle sera capturée après une fusillade majeure. Abattue à Ravensbrück en janvier 1945.
- Lise de Baissac faisait partie du réseau scientifique près de Poitou et parcourait la campagne à vélo à la recherche de champs propices aux zones de largage, sa radio cachée en morceaux dans sa jupe et son soutien-gorge.
- Nancy Wake, femme la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale, connue de la Gestapo sous le nom de « Souris blanche ». Elle a parcouru plusieurs centaines de kilomètres à vélo depuis l’Auvergne jusqu’aux Pyrénées pour rapporter une seule pièce de radio à son unité du Maquis, où elle commandait à elle seule quelque 1.500 hommes.
Violette Szabo, Odette (Churchill) Hallowes et Noor Inayat Khan ont toutes reçu la George Cross, Violette et Noor à titre posthume. Toutes ces FANY ont perdu la vie en service commandé.

Se battre contre la tyrannie est un combat incessant
L’hommage rendu le matin à Ravensbrück et l’après-midi à Sachsenhausen, camp de concentration érigé en modèle par les SS, était à la hauteur d’une période que l’on considérait, il y a encore peu, comme révolue, après 80 années de paix sur notre continent. Lors de certaines interventions, plusieurs allusions ont été faites entre le IIIe Reich et la terreur qu’il a fait régner en Europe et la guerre d’agression que mène la Russie de Vladimir Poutine, comme Staline avant lui, pour éradiquer l’Ukraine de ses habitants qui refusent de se démettre de leur nationalité. Le combat de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan contre un certain empire du mal ne semble pas être celui de Donald Trump, que l’on suspecte de renversement d’alliance pour le seul profit.
« Plus jamais cela »
La mémoire de ces femmes d’exception et de toutes ces anonymes, dont la vie a été brisée, souvent séparées de leur mari et/ou de leurs enfants dirigés vers d’autres camps sera évoquée par la directrice du Mémorial de Ravensbrück, le Dr Andrea Genest.

Pendant plusieurs jours, une fois de plus, peut-être la dernière, d’anciens déportés sont revenus à Ravensbrück pour parler à des jeunes et leur transmettre leur message. Il faut se battre toujours et toujours contre cette tyrannie.
« Lieux de mémoire au double passé »
En France, j’ai beau chercher, je n’ai pas trouvé un seul article dans les journaux de l’époque sur ces camps spéciaux soviétiques. Rien d’étonnant me dit-on dans un pays où le PC totalisait 28% des voix en 1946 et 21,27% avec Jacques Duclos au premier tour des présidentielles en 1969, ceci expliquant peut-être cela.
Mon impression à Sachsenhausen, l’après-midi du 4 mai, même si la cérémonie dans le camp s’est déroulée devant la porte de la station Z, le four crématoire, l’ambiance mais aussi le public était différent. A Ravensbrück, on célébrait le martyre de femmes appartenant à 40 pays. A Sachsenhausen on honorait à la fois des dizaines de milliers de victimes du IIIe Reich nazi d’abord, des Soviétiques ensuite avant qu’ils ne passent le relai à la RDA dont les instances ont été calquées sur le modèle soviétique, la STASI remplaçant le NKVD.

Côte à côte, il y avait les descendants des victimes du régime nazi, aux côtés de très rares survivants, mais plus nombreux, il y avait ceux qui leur ont succédé, arrêtés par les Soviétiques et incarcérés eux aussi préventivement dès mai 1945. C’est ainsi que près de 300 jeunes gens Allemands ont été raflés et déportés dans ce camp qui fut érigé en modèle par les SS, par des commissaires politiques qui voulaient « faire du chiffre » et se faire remarquer par leur hiérarchie à Moscou. Comme on peut le voir en visitant des chambrées du camp transformées en musée, les mêmes pyjamas rayés, les mêmes gamelles, les mêmes peignes étaient utilisés. Dans une impunité totale car si dénazification il y a eu, en Allemagne de l’Est comme dans l’ex-URSS, il n’y a pas eu de dé-communisation. Ceux qui ont été des tortionnaires avérés ont simplement été placés en retraite et interdits de travailler dans la nouvelle Allemagne réunifiée. Dans le silence pour ne pas dire une certaine indifférence, car les bourreaux n’ont jamais été poursuivis. Le seul hommage du pays était dans le dépôt d’une gerbe par la « Fondation fédérale pour l’étude de la dictature du SED » (Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur) (Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur).

Joël-François Dumont
Voir également : « Die Befreiung von Ravensbrück und Sachsenhausen » — (2025-0505)
Notes de lecture
[01] Voir « Les 10 camps spéciaux soviétiques en Allemagne de l’Est » — (2025-0506) —
[02] Pour les Soviétiques, l’accusation initiale était toujours le motif de l’emprisonnement. « Quand un officier en uniforme soviétique demandait à un détenu « Pourquoi êtes-vous ici », celui-ci devait répondre « Suspecté de… ». Et cerise sur le gâteau, « les détenus des camps spéciaux ne purent être réhabilités en vertu de cette loi car il n’y avait pas eu de condamnation préalable à leur emprisonnement ».
« La procédure était fondée sur une conception stalinienne de la loi, selon laquelle il n’importait pas de déterminer la culpabilité individuelle, mais plutôt de retirer de la vie publique les opposants présumés au système soviétique. La loi soviétique était donc appliquée rétrospectivement, en utilisant l’article 58 du Code pénal de la République socialiste fédérative soviétique de Russie. Le terme général « Activités contre-révolutionnaires » recouvrait presque tout ce qui pouvait « affaiblir le pouvoir des conseils ouvriers et paysans » ou pouvait être dirigé contre les « réalisations économiques, politiques et nationales fondamentales de la révolution prolétarienne ». Dans la procédure accélérée habituelle qui durait de 15 à 20 minutes, 25 ans de travaux forcés étaient une peine courante. Ni l’avocat de la défense ni les témoins à décharge n’étaient admis et il n’y avait pas de possibilité d’appel. La culpabilité n’avait pas à être prouvée, « l’accusation » était suffisante pour être déporté vers l’URSS, fusillé immédiatement ou interné dans un des établissements pénitentiaires soviétique sur le sol allemand. Ces derniers se trouvaient sur les sites des camps spéciaux de Bautzen, Sachsenhausen et Torgau jusqu’en 1948 ou 1950. De 1947 à janvier 1950, la peine de mort était abolie en URSS, de sorte que les condamnations à mort prononcées lors ces années furent commuées en emprisonnement à perpétuité ou en 25 ans d’emprisonnement dans la zone soviétique. De 1945 à 1947, un total de 1.797 condamnations à mort furent prononcées et appliquées, de 1950 à 1953, il y en eut 606 ». Source : Wikipedia.
[03] En 1996, le 27 janvier, date de la libération du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, a été déclaré « Journée de commémoration des victimes du national-socialisme » devenant une « composante importante de la culture allemande du souvenir » … « Dans la culture mémorielle allemande, la commémoration des victimes des guerres, des régimes totalitaires et des crimes à caractère idéologique du XXe siècle joue un rôle central. Tirer les leçons de son passé criminel est un principe fondateur de la République fédéral d’Allemagne, souvent résumé par la formule « Plus jamais ça ». Il est particulièrement important à cet égard de recueillir les récits des témoins de l’époque afin que les crimes nazis conservent une réalité tangible pour les générations futures. Dans toute l’Allemagne, de nombreux monuments et musées consacrés aux différents groupes de victimes contribuent à en perpétuer le souvenir. Parmi les plus importants figurent le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe et le Musée juif de Berlin.» Source : Ministère allemand des Affaires étrangères.
[04] Voir de Sergueï Skliarov dans Nezavissimaïa Gazeta : « Grande Famine : un silence de mort à Moscou » cité dans le Courrier international du 23 novembre 2007.
Joseph Staline devient en 1922, secrétaire général du Comité central du Parti communiste. Après la mort de Lénine en 1924, il mène un jeu patient d’intrigues souterraines et d’alliances successives avec les diverses factions du Parti, et supplante un à un ses rivaux politiques, contraints à l’exil ou évincés des instances dirigeantes.
S’appuyant sur la bureaucratisation croissante du régime et la toute-puissance de l’appareil policier, la Guépéou puis le NKVD, il impose progressivement un pouvoir personnel absolu et transforme l’URSS en un État totalitaire. Le culte de la personnalité construit autour de sa personne, le secret systématiquement entretenu autour de ses faits et gestes, le travestissement de la réalité par le recours incessant à la propagande, la falsification du passé, la dénonciation délirante de complots, de saboteurs et de traîtres, l’organisation de procès truqués, la liquidation physique d’adversaires politiques ou de personnalités tombées en disgrâce sont des caractéristiques permanentes de son régime.
Il procède à la collectivisation intégrale des terres, décrétant la « liquidation des koulaks en tant que classe », et industrialise l’Union soviétique à marche forcée par des plans quinquennaux aux objectifs irréalistes et au prix d’un coût humain et social exorbitant. Son long règne est marqué par un régime de terreur et de délation paroxystiques et par la mise à mort ou l’envoi aux camps de travail du Goulag de millions de personnes, notamment au cours de la « collectivisation » des campagnes et des Grandes Purges de 1937. Il pratique aussi bien des déplacements de population massifs, dont la déportation intégrale d’une quinzaine de minorités nationales, que la sédentarisation forcée non moins désastreuse de nomades d’Asie centrale. Il nie aussi l’existence des famines meurtrières de 1932–1933 (Holodomor) et de 1946–1947, après les avoir en partie provoquées par une politique impitoyable de réquisitions forcées de produits agricoles dans les campagnes dont le blocus organisé empêche la fuite des populations rurales affamées et les prive de tout secours.
[05] Voir « Quand le rêve russe de la France vire au tourment stratégique » de Laure Mandeville in Le Figaro — (2023-0127)
[06] Voir « Les 10 camps spéciaux soviétiques en Allemagne de l’Est » — (2025-0506) —
[07] Voir « Un matin à Ravensbrück » — 2025-0511) —
[08] Source : Wikipedia.
[09] Le « chant des marais » est l’œuvre de trois communistes allemands : un mineur, Johann Esser, un acteur et metteur en scène, Wolfgang Langhoff, et Rudolf « Rudi » Goguella, le compositeur, tous trois internés dans le premier contingent prisonniers politiques allemands déportés à Börgermoor. Interprété pour la première fois le 27 août par 16 détenus, pour certains membres du chœur des travailleurs de Solingen, il fut vite interdit par les SS.
Le camp de concentration de Börgermoor ouvert en juin 1933, à l’origine, était destiné à regrouper un millier de détenus, temporairement condamnés aux travaux forcés dans la lande. La plupart ont été libérés à Noël après s’être engagés à ne jamais parler de leur séjour dans ce camp. Ceux qui le purent choisirent l’exil…. Le chant retransmis par les prisonniers transférés de camp en camp s’est vite imposé comme le chant de tous les déportés après avoir été traduit en plusieurs langues.[09]
[10] Le Souvenir Français est une association patriotique, fondée en 1887 et reconnue d’utilité publique le 1er février 1906, qui a pour vocation d’honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France, qu’ils soient Français ou étrangers.
[11] L’Union des Français de l’Étranger (UFE) a été fondée en 1927 pour maintenir un lien entre les Français expatriés. Association reconnue d’utilité publique, l’UFE est un réseau qui regroupe des Français et des francophiles à travers le monde pour assurer un lien privilégié avec la France, défendre leurs intérêts et leur apporter soutien et entraide au quotidien. L’UFE compte des représentations animées par des bénévoles dans une centaine de pays et a existe à Berlin depuis la fin des années 50.
[12] L’Amicale des Anciens des Services Spéciaux Français de la Défense Nationale (AASSDN) a été créée en 1953 par le colonel Paul Paillole. L’Amicale est née de la volonté des cadres du Contre-espionnage (SSM et TR), puis de ceux du Service de renseignements (SR), de soutenir au sortir de la guerre les familles endeuillées, les membres des Services meurtris par les conditions de leur combat.
[13] Voir « Les Merlinettes, ces héroïnes oubliées de la seconde Guerre mondiale enfin honorées par la République » par Christophe Cornevin in Le Figaro (2023-1010) —
[14] Les jeunes recrues étaient formées dans quatre domaines : transport motorisé, télégraphie sans fil, codes ou service général. Elles travaillaient sur le codage et les signaux, servaient de conductrices pour les agents. Sans oublier leur formation initiale d’infirmières, ce qui avait été leur raison d’être en 1907, quand ces cavalières allaient secourir sur le terrain et ramener des blessés.
[15] Source : Entretien avec Jean-Georges Jaillot-Combalas en 2021. Voir également : « Disparition de Eileen Nearne, héroïne de guerre » par Olivier Cadic, sénateur représentant les Français établis hors de France — 2010-0916).
Voir également sur le 80e anniversaire de la libération des camps de concentration et la capitulation de l’Allemagne nazie, voir :
- « Le système concentrationnaire nazi » — (2025-0117) —
- « La libération de Ravensbrück et de Sachsenhausen » — (2025-0505) —
- « Die Befreiung von Ravensbrück und Sachsenhausen » — (2025-0505)
- « Les 10 camps spéciaux soviétiques en Allemagne de l’Est » — (2025-0506) —
- « Regard numérique sur le passé et vision d’avenir » — (2025-0507) —
- « Digitaler Blick in die Vergangenheit und Vision für die Zukunft » — (2025-0507) —
- « 1945-2025 : Berlin se souvient » — (2025-0510) —
- « 1945-2025: Berlin erinnert sich » — (2025-0510) —