Chers amis, Liebe Freunde,
C´est avec une très grande joie et non sans une certaine fierté aujourd´hui que de pouvoir célébrer avec vous à la fois notre fête nationale et l´amitié franco-allemande dans ce lieu magnifique qui a incarné la France pendant plus de 50 ans.
Je tiens tout d´abord à remercier au nom de tous, nos hôtes, nos amis allemands, qui nous permettent de nous réunir une fois de plus à la Caserne Julius Leber, restée très chère au cœur des Français de Berlin.
Tout comme l´année dernière, l´été nous offre un répit pendant cette pandémie et permet de nous retrouver, enfin. Fêter, échanger, rire ensemble de nouveau, nous en avions tous un réel besoin.
La fête nationale du 14 juillet est célébrée dans chaque commune de France et aussi à l´étranger, dans les ambassades et les consulats, et là où chaque communauté française est établie. Nous sommes plus de 3 millions de Français expatriés dans le monde. Ces Français de l´Étranger, comme vous et moi, sont ceux qui ont choisi de partir, pour des raisons professionnelles ou personnelles, et de s’intégrer à une autre culture tout en partageant la nôtre.
Nous avons quitté notre patrie, certes, mais la quitter ne signifie pas rompre pour autant les liens très forts qui nous unissent à notre pays pour la vie, où nous comptons tous de la famille, des amis et des souvenirs chers.
Il est bon de rappeler que nous participons également à la vie publique de la France, car nous votons pour celles et ceux qui nous semblent à même de représenter au mieux notre pays et leurs ressortissants à l’étranger. N’oubliez jamais que nous sommes tous des ambassadeurs de la France dans notre pays d´accueil. Tout cela est source de richesse pour la France comme pour le pays hôte. C´est aussi pour cela que nous fêtons, comme chaque année, l´amitié franco-allemande.
Aujourd’hui, nous sommes dans l’ancien « mess Sergent Brocard » que certains d’entre vous ont connu. Après le départ des Forces Françaises de Berlin du quartier Napoléon, la Bundeswehr a pris possession du quartier et l’a renommé Julius Leber, du nom d’un des premiers opposants politiques à Hitler. Julius Leber est né en Alsace, à Biesheim. En 1934, Julius Leber sera un des premiers prisonnier politique à être interné dans un camp de concentration. Le 5 janvier 1945, il sera pendu « aux crocs de boucher » de Plötzensee avec les militaires qui avaient voulu débarrasser l’Allemagne d’Adolf Hitler.
J’en profite pour vous dire que les traditions du Wachbataillon de la Bundeswehr, qui a été le premier à prendre ses quartiers dans cette caserne, sont issues du 9e Régiment d’infanterie dont la plupart des officiers ont été passés par les armes par les Nazis.
La semaine dernière, ici même, lors d’une prise d’arme, le Bourgmestre régnant de Berlin a remis la plus haute distinction berlinoise au général Henne ainsi que la fourragère au Wachbataillon pour leur action exemplaire pendant cette pandémie depuis le début.
A nos amis allemands, et particulièrement à l’adjudant Martin Lücke qui est notre invité d’honneur cette année, je tiens à vous remercier pour nous avoir permis de bénéficier de cette protection pendant la pandémie, comme peu de nos compatriotes ont pu être protégés dans le monde, y compris dans des pays très développés. Martin est également le président de ce « Casino » qui a conservé le nom du sergent Brocard tombé au champ d’honneur.
Sachez que nous sommes très sensibles de constater, près de 30 ans plus tard, que tous les noms français de rue, de quartiers ou de mess ont ainsi été conservés par nos amis allemands. Nous en sommes très honorés. Et c’est une raison supplémentaire, chaque année, lorsque nous déposons une gerbe ensemble au « Monument aux morts français pour Berlin » de célébrer le sacrifice de ceux qui ont combattu pour la liberté de Berlin.
Prost Martin
Un mot maintenant sur le sens de notre combat à l’UFE !
Sachez également que nos fêtons un léger parfum de révolution aujourd´hui. Cette révolution, nous l´avons sentie mûrir en nous, au début de l’année. Quand par décret gouvernemental en date du 30 janvier 2021, les Français résidant dans des pays hors espace européen, devaient désormais justifier d’un « motif impérieux » pour revenir en France, notre sang n’a fait qu’un tour…
Cette décision violait non seulement le droit constitutionnel qui rappelle que nul ne doit être privé du droit de rentrer dans le pays dont il est le ressortissant. Elle était de plus contraire à la Déclaration des Droits de l’Homme, déclaration pourtant inscrite dans notre Constitution.
Par la voix du président de l´UFE Monde, François Barry Delongchamps, cette affaire a été portée devant le Conseil d´État, la juridiction suprême, pour faire annuler, avec succès, une mesure pour le moins inique. Cette victoire de l’UFE a profité à tous nos compatriotes hors de France et fait comprendre aux autres pays que c’était le genre de mesure à prescrire dans une démocratie…
Comme l’a rappelé l’ambassadeur Barry Delongchamps, ce n’est pas parce que « les Français de l’étranger ne descendent pas dans la rue qu’ils ne doivent pas défendre leurs droits ».
Ce fait, pour le moins regrettable, a montré combien nous nous devions de rester vigilants et aussi combien l´action de notre association pouvait être utile à la défense des droits fondamentaux de tous nos compatriotes « Français de l’étranger ».
Après le sursaut, l’action
Ce combat, mes amis, nous nous devions de le prolonger. C’est ainsi qu’au sein de l´UFE berlinoise est née l’idée de communiquer désormais via des émissions de radio hebdomadaires, pour mieux faire entendre la voix de nos compatriotes et ce partout dans le monde, du Chili en Australie en passant par tous les continents.
Ces émissions nommées, « les Français parlent aux Français du bout du monde » montrent malheureusement, bien que parfois très loin de notre patrie, nous puissions être « oubliés, ignorés ou sacrifiés », par notre propre pays. Que nos problèmes étaient identiques. Et que nous devions par conséquent d’échanger pour mieux défendre à l’avenir, ensemble, nos intérêts. J´en profite pour vous inviter à nous suivre en vous abonnant à nos podcasts.
Je vous souhaite, Chers amis, au nom des membres du bureau de l´UFE Berlin une excellente fête nationale et une magnifique fête de l´amitié franco-allemande.
Je tiens également à lever mon verre à feu notre doyenne, Madame Eva Blanchard, qui nous a quittés en début d´année, à l´âge de 94 ans et qui était encore parmi nous au dernier 14 juillet !
Prost Eva