Un député pour les Français de l’étranger : plus qu’un job, un sacerdoce !

Berlin, le 21 mai 2022 —

Réunir l’espace d’une soirée électorale autour d’un même micro les divers candidats aux prochaines législatives à la députation pour la 7e Circonscription de l’étranger, plus qu’un challenge, c’était une initiative excellente qui a motivé de nombreuses personnes à « participer » : 50 personnes – les premières inscrites – « en présentiel » – et pour toutes les autres réparties dans quelques 17 pays, par zoom. Une occasion – enfin – de « dialoguer » en comparant les propositions des uns et des autres.

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Débat sur les législatives françaises en présence de tous les candidats

On ne peut donc que féliciter Radio France Internationale (RFI Berlin), la Deutsche Gesellschaft für auswärtige Politik (DGAP), le Deutsch-Französicher Wirtschaftskreis (DFWK), Français du Monde (ADFE) et l’Union des Français de l’Étranger-Berlin pour cette excellente idée de partage.

Les attentes de ces Français de l’étranger sont connues : la prise en compte de leurs droits légitimes. Leurs problèmes sont souvent liés à la scolarisation des enfants dans des écoles françaises ou binationales. Ils peuvent rencontrer des difficultés dues à une harmonisation des législations européennes qui n’est pas parfaite. D’autres sont concernés par des questions de retraite, de sécurité sociale ou de fiscalité, sans oublier les formalités administratives ou le renouvellement de pièces d’identité. Un Français qui habite à Hambourg n’a pratiquement qu’une seule solution : se rendre par la route ou le train à Berlin. Et celui qui est à Seattle doit lui se rendre à San Francisco car il n’y a pas plus de valise consulaire à Hambourg qu’à San Francisco. Le réseau consulaire français n’est plus ce qu’il était.

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Accueil des participants par Jacob Ross de la DGAP Berlin – Photo © JFD

L’attente de voir – enfin – des gens d’horizons divers dire comment ils entendent concrètement défendre les intérêts spécifiques des Français de l’étranger était en soi une riche idée. Malheureusement les échanges n’ont pas du tout été à la hauteur des espérances.

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Premier regret, trop de gens en présence, ce qui permet des échanges inégaux mais qui exclut un vrai dialogue. D’un côté des candidats sérieux, qui ont des choses à dire, à n’en pas douter, mais dont les paroles risquent de se perdre entre deux monologues. C’est dommage.

Certaines présentations avaient parfois l’air interminables, suivies de monologues ponctués de slogans qui n’apportent rien à des Français de l’étranger, sans parler de catalogues de promesses voire même d’engagements fumeux du style : « Si je suis élu, avec moi ce sera la transparence » ! 

C’est à croire que la députation serait devenue un job comme un autre et que pour être élu, il suffit d’un coup de chance. Profitant d’une vacuité certaine en politique qui explique le manque d’intérêt et le peu d’enthousiasme de la droite à la gauche en passant par le centre sans oublier les extrêmes… Ce qui explique que nombreux sont ceux qui ont décroché au bout de 30 à 40 minutes !

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Vue de l’assistance – Photo © JFD

Être député, pour un électeur est plus perçu comme une sorte de sacerdoce au service de la circonscription. Cela suppose des gens motivés qui ont une expérience professionnelle et une volonté, celle de prendre en compte les problèmes des gens pour défendre leurs intérêts à sur les bancs et dans les commissions de l’Assemblée Nationale.

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Frédéric Petit, député sortant de la 7e circonscription des Français de l’étranger – Photo © JFD

Les Français établis hors de France se considèrent, à juste titre, depuis de trop longues années comme des « Français de deuxième catégorie », « abandonnés à leur sort » quand ils ne sont pas méprisés voire montrés du doigt comme des fuyards qui auraient cherché à mettre leur fortune à l’abri du fisc français ! Pourquoi ne pas le reconnaître pour que cela change pour que l’impression qui prévaut vienne démentir les politiques suspectés de ne s’intéresser à ces Français de l’étranger qu’une fois tous les cinq ans… Un réservoir de voix de 3 millions et demi d’électeurs (en moyenne, 1 Français sur 3 est inscrit sur les listes électorales à l’étranger), par temps de disette cela peut faire la différence. Pour certains partis c’est l’occasion d’avoir un député de plus qui permettra d’atteindre le nombre requis pour constituer un groupe parlementaire.

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Philippe Deswel: « Le fonds d‘urgence voté à l’unanimité par le Sénat n’a même pas été examiné à l’Assemblée »

Du coup on est très loin des problèmes fiscaux, scolaires, de santé, de retraite, pour ne citer qu’eux que les Français de l’étranger aimeraient voir défendre à l’Assemblée. La vérité est de dire que depuis 25 ans, seul le Sénat en France s’est emparé de ces dossiers et des problèmes concrets de ces Français qui vivent à l’étranger. Exemple « le fonds d‘urgence voté à l’unanimité par le Sénat qui n’a même pas été examiné à l’Assemblée !» Une honte ! Avec la COVID, on s’en est aperçu très vite…

« La défense des droits fondamentaux des Français de l’étranger » est la première des priorités pour un élu, selon Philippe Deswel, militant de l’UFE en Autriche et spécialiste reconnu des problèmes économiques et financiers d’Europe centrale et orientale. Je vous propose d’écouter sa réaction après ce débat…

Joël-François Dumont