Depuis une dizaine d’années, le nombre de jeunes Européens venus s’installer en Allemagne est en augmentation constante. Français, Espagnols, Polonais, Grecs, Portugais, Italiens, Néerlandais, Britanniques ou encore citoyens des pays baltes ou d’Europe centrale et orientale, pour la plupart, sont de plus en plus nombreux à opérer ce choix.
Ce boom de l’emploi dans un pays frappé par une pénurie de main-d’œuvre qualifiée a su attirer ces deux dernières années beaucoup de jeunes, souvent demandeurs d’emploi dans leur pays.
Fin 2021, le taux de chômage en France était supérieur à 8,1% (4% pour les cadres) contre 5,7% en Allemagne, pays dans lequel la durée de chômage des séniors est nettement moins importante qu’en France. Les jeunes Français en recherche d’emploi qui choisissent de s’expatrier outre-Rhin mettront peu de temps à comprendre que l’Allemagne ne constitue pas un Eldorado. Si la bonne santé économique de l’Allemagne est reconnue, les autorités n’en redoutent pas moins, dans un futur proche, un manque de main d’œuvre qualifiée et de main d’œuvre à haute valeur ajoutée.
Il est manifeste que si le « système » exerce un attrait particulier, c’est parce qu’il fonctionne bien. Les Français se font rapidement à son mode d’organisation fédéral. La croissance ferme de l’économie, la stabilité politique, le consensus social, notamment, sont des marqueurs appréciés.
Au-delà, quelle est donc cette force d’attraction qui inspire une immigration de qualité, de gens jeunes pour la plupart ?
Le mode de vie, la stabilité politique jouent assurément un rôle souvent décisif dans ce choix, tout comme les valeurs du modèle économique et social allemands sans oublier un système de santé particulièrement performant et, last but not least, une qualité de vie très appréciée par nos compatriotes dans des grandes villes modernes comme Munich, Hambourg, Berlin et Francfort. Autant de facteurs déterminants.
Depuis deux ans, la pandémie a modifié la donne et, pas plus qu’ailleurs, n’a facilité l’intégration en milieu allemand. Au-delà des organismes chargés de l’emploi et de la main d’œuvre, il y a des associations qui aident les jeunes travailleurs étrangers. Elles jouent parfois un rôle essentiel pour faciliter l’insertion de ces jeunes en leur évitant de mauvaises expériences, certains échecs pouvant être mal vécus.
Dans ce domaine, l’association Emploi Allemagne [1] joue dans ce pays un rôle précieux. Des bénévoles accompagnent ces nouveaux venus en leur tendant une main secourable. Au-delà des conseils pratiques pour adapter leur CV, écrire une lettre de motivation ou les préparer à des entretiens d’embauche, ils vont les accompagner en les aidant à relever leurs challenges professionnels. « Plaçons l’humain au cœur de nos actions », tel est le leitmotiv de cette notre association qui s’engage pour faliciliter l’épanouissement socio-professionnel des Français en Allemagne.
Anne-Chrystelle Bätz préside l’association Emploi Allemagne. Son expérience professionnelle, en France, dans le secteur de l’emploi, est bien sûr un avantage. Après 18 ans d’expérience en Allemagne, elle peut conseiller rapidement un demandeur d’emploi français ou francophone, le préparer utilement en lui permettant de mettre toutes les chances de son côté.
Madame Bätz est une bénévole qui a une fine connaissance du marché de l’emploi en Allemagne. Elle connait la règlementation allemande et a élaboré des outils précieux pour favoriser l’insertion professionnelle des Français en Allemagne, notamment à travers « une carte interactive » de l’emploi en Allemagne et des accompagnements individuels et collectifs. Il faut bien sûr accepter de se rendre là où la demande est présente.
Depuis 2018, elle s’est associée avec Pierre-Olivier Bousquet, président de l’Union des Français de l’Étranger en Catalogne, qui a fondé, à Barcelone, sur un modèle identique, « Emploi Espagne » qui propose des offres d’emploi sur le site internet de l’association Emploi Espagne.[2]
Un échange sympathique, pratique, sur un sujet très important pour tout expatrié qui « débarque ». Il est réconfortant de voir que des Français, bénévolement, guident ainsi les premiers pas de jeunes compatriotes qui arrivent en terrain inconnu. Cela prouve qu’il y a encore des « ressorts » parmi nos expatriés dont les associations servent parfois de relais efficace.
Jean-Michel Poulot
Joël-François Dumont