Les Français parlent aux Français du bout du Monde

La République tchèque : A la découverte de la Moravie (1)

Notre tour du monde se poursuit semaine après semaine… Après avoir entendu des compatriotes en Asie et aux Amériques, retour en Europe centrale et orientale. Après la Pologne, la République tchèque.[1]

Les témoignages recueillis au fil de ces émissions montrent à l’évidence que les Français qui vivent à l’étranger s’intègrent parfaitement. A l’évidence, nos compatriotes prolongent l’action de la France par leur présence et leur savoir-faire.

Chaque rendez-vous sur les ondes est une occasion de découvrir pour les uns – ou de redécouvrir pour les autres – les liens anciens qui peuvent exister entre la France et ces pays d’accueil.

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Monument de la paix à Pratzen près de Slavkov en Moravie (Austerlitz)

Si les relations entre la France et les pays situés au centre de l’Europe ont été particulièrement intenses pendant l’entre-deux guerres, au point de retrouver le niveau qu’ils avaient pu connaître avant 1870, lorsque le rideau de fer est tombé, les relations ont été brutalement interrompues.

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Les Français parlent aux Français du bout du Monde - UFE Berlin

Ces pays, pourtant slaves, étaient néanmoins orientés vers l’Ouest mais l’URSS a tout fait pour rompre ces liens.

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Le GAA François Mermet (2s) et le colonel Joël Bros (R) sur les traces de Napoléon Ier en Moravie

Le général de Gaulle, dès 1963, s’est bien attelé à renouer un dialogue, mais il faudra attendre l’effondrement de l’URSS pour que ces pays retrouvent enfin leur indépendance et la possibilité de renouer avec leur passé.

Château de Milotice - La perle de Moravie - BS © Rebec
Château de Milotice – La “perle de Moravie” – Photo BS © Rebec

François Mitterrand a poursuivi l’action du général de Gaulle en facilitant l’entrée dans la communauté européenne de ces pays leur permettant de s’intégrer rapidement à cette Europe à laquelle ils ont toujours appartenu.

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Vignobles de Palava en Moravia du sud – Photo BS © EvaP

Dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, le sentiment demeure que la politique étrangère française a toujours été « plus déterminée par des facteurs extérieurs à cette région du monde … Les défis adressés à la France sur le plan de sa sécurité nationale, en particulier par l’Allemagne et l’Union soviétique, en constituent les ressorts … En dépit des apparences, la France n’a jamais eu de rapports vraiment étroits, profonds et structurés avec l’Europe du Centre-Est … Les aspects les plus vigoureux et les plus durables de ces relations sont perceptibles sur le plan culturel. Le „rayonnement culturel” de la France jouit toujours d’une grande considération en Europe centrale et orientale … A l’inverse des clichés si souvent évoqués encore de nos jours, les relations entre la France et les pays de l’Europe centrale et orientale ne sont guère déterminées par la tradition mais par des motifs purement politico-stratégiques. La tradition allait dans le sens d’une subordination à la France… »[2] L’étude de Gusztáv D. Kecskés permet de remettre les choses en perspective et aussi de mieux comprendre pourquoi l’Allemagne semble avoir davantage réussi dans ce domaine.

Exposition au château de Slavkov (Austerlitz) en Moravie du sud
Exposition au château de Slavkov (Austerlitz) en Moravie du sud

De Gaulle et Mitterrand sont bien les seuls présidents français à s’être intéressés à ces pays qui sont devenus des partenaires économiques et politiques au quotidien et dont certains, demain, vont être surpris par le renouveau économique qu’ils ont su mettre en œuvre en moins de 20 ans.

Depuis que la France est devenue une puissance moyenne, l’attrait des États-Unis a été très fort, même si la plupart de ces pays sans façade maritime, sans avoir connu d’immigration étrangère, ont toujours cherché à privilégier les échanges en direction de l’Europe. Restent les liens culturels, mais ceux-ci pourraient aussi décliner comme cela a été le cas dans d’autres pays y compris, francophones.

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Joël et Jana Bros – Photo © CP

Joël et Jana Bros - Photo © CP
Joël et Jana Bros – Photo © CP

Avec Joël et Jana Bros, nous allons découvrir la Moravie, l’une des plus belles régions d’Europe, encore très mal connue des Français et pourtant si accueillante. En République tchèque, Prague et la Bohème semblent plus attirer les touristes que la Moravie ou la Silésie. Deux provinces qui gagnent à être mieux connues.

Prague Le pont Charles Photo BS © PyTy
Le pont Charles à Prague – Une des quatre plus belles villes d’Europe – Photo BS © PyTy

Joël Bros après avoir été militaire et diplomate à Prague et à Bratislava a travaillé dans une seconde vie dans tous les pays d’Europe de l’Est. Il parle russe, polonais, tchèque et slovaque, en plus de l’allemand et de l’anglais. Son épouse, universitaire, est professeur de Français. Chanter fait aussi partie de leur vie pour la plus grande joie des Tchèques ou des Slovaques.

Le regard qu’ils portent sur cette histoire commune mérite d’être médité et partagé. Vu l’intérêt suscité, deux émissions suivront, une pour compléter la première, déjà très riche, la seconde pour parler de la Slovaquie et pour évoquer plus en détail deux magnifiques pages d’histoire commune avec la France : Milan Rastislav Štefánik pendant la Première Guerre Mondiale et le Bataillon Foch qui a pris une part active au soulèvement national slovaque lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Joël-François Dumont

[1] Entretien avec le président de l’UFE, l’ambassadeur François Barry Delongchamps

[2] Étude publiée à Budapest : « Franciaország Kelet-Közép-Európa politikája 1918-tól napjainkig (La politique étrangère de la France envers l’Europe du Centre-Est  de 1918 à nos jours) in Grotius, revue scientifique de l’Institut d’études internationales de l’Université Corvinus de Budapest (2009).

[3] A la bataille d’Austerlitz le 2 décembre 1805 s’affrontèrent trois empereurs et leurs armées : Napoléon Ier, l’Empereur d’Autriche François-Joseph Ier et le tzar Alexandre Ier. Cette « bataille des trois Empereurs » se solda par la victoire de Napoléon, la signature d’un armistice le 6 décembre et la Paix de Presbourg à Brastilava le 26 décembre 1805.

A suivre : La République tchèque (2) : un futur champion en Europe ?